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Monsieur
Philippe Manœuvre
Je sais... Rock & Folk ne s'appelle pas Rock & Blues... et c'est
dommage ! Pourtant, je m'en souviens, vers 1973, mon magasine chéri
avait pour couverture Johnny Winter, un guitariste qui connaissait son
blues sur le bout de ses doigts filiformes, et, si dans un roman photo
bidon, tel un chien fou, vous vantiez les mérites du B.O.C., depuis
vous avez appris à reconnaître les mérites de Robert
Johnson, Muddy Water et consort, via, votre légitime passion pour
Keith Richards. Et alors...
Et bien depuis 10 ans, le festival Blues Passions de Cognac existe, et
je n'y ai jamais rencontré le moindre journaliste de Rock & Folk.
Aucun compte rendu de concert n'a été publié dans
vos colonnes... Pire, pas une ligne présentant cet évènement,
pas un entre-filet pour annoncer les réjouissances. A croire que
vous ne vous déplacez que s'il y a plus de 100 000 personnes...
Cette année, fin juillet, à Cognac, il y avait 10 000 spectateurs,
et vous n'imaginez pas tout ce que vous avez loupé... Outre une
pléiade d'excellents groupes, jouant avec leurs tripes jusqu'a
plus soif, dans tous les bars de la ville, sur la grande scène,
dans un cadre vraiment sympa, les moments forts furent nombreux. Wilson
Pickett, présenté comme "un monument vivant reconnu
par l'ensemble des musiciens et critiques du métier" (sauf
Rock & Folk...), The Extraordinaires, groupe de Doo-Wop sautant plus
haut que David Lee Roth..., Snooky
Pryor, qui avec sa bande de papis,
joue le blues, comme certains le rock, c'est à dire avec son cœur,
Ana Popovic, jeune guitariste polonaise qui connaît son Hendrix,
mieux que beaucoup de rockers, Odetta, très classe, qui jadis,
chantait avec Dylan, Solomon Burke, plus décadent sur son immense
trône, que n'importe quelle vedette du Glam Rock, et enfin Willy
De Ville qui clôtura ce festival, ce même artiste dont vous
nous saouliez les mérites il y 20 ans...
Dans le dernier numéro de Rock & Folk, Philippe Thieyre évoque
le concert de ce cher Bill Wyman à l'Olympia. A Cognac, il y a
quelques années, le "Stone alone" ravi du public, souriait
en jouant, il venait de découvrir Blues Passions...
Serez-vous les derniers à ignorer cet évènement
qui a vu jouer les plus grands ? Avez-vous oublié "the blues
had a baby and they named it rock and roll" ? Même les petits
jeunes des White Stripes revendiquent le blues, en nous refourguant,
avec allure, les vieux plans de Hound Dog Taylor... Désormais
pour Rock & Folk, deux solutions : soit vous rectifiez le tir (en
publiant ce modeste texte, pour commencer...) soit, vous continuez à bouder
ce festival, mais bientôt, à force de vouloir rester dans
le coup, vous ne le serez plus du tout, et nous irons chercher ces précieuses
infos ailleurs !!!
Patrice Villatte,
un lecteur en colère. Cette missive a été envoyée à Rock & Folk.
Paraîtra t'elle au prochain courrier des lecteurs ? Nous le saurons
le mois prochain...
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