APOLOGIE DU 5 FÉVRIER 2004: "bound for glory", un homme une guitare !

"Qui c'est ? Robert Johnson ; J'ai dit : Mais l'autre type, qui joue avec lui ? Parce que j'entendais deux guitares, et ça m'a pris un sacré temps avant de comprendre qu'il faisait tout, tout seul..." C'est ainsi que Keith Richards découvrait un des plus grand guitaristes de notre temps, et déjà le mythe dépassait la réalité. 

Oui ! une guitare acoustique est par essence un miracle : du bois, des cordes, un peu de colle et beaucoup de savoir faire. Ce n'est pas Christian Frederick Martin qui me contredira. Quand il débarque à New York en 1833, après un long apprentissage à Vienne, il comprend que les immigrants en partance pour l'Ouest auront besoin d'un solide compagnon, en l'occurrence une guitare. L'instrument n'est pas à proprement parlé nouveau, mais il est encore peu populaire. Dès le quinzième siècle dans la péninsule ibérique
, suivant l'exemple d'une longue lignée d'instruments à cordes pincées présente dans le bassin méditerranéen depuis l'antiquité, des musiciens perfectionnent  ce que nous nommons aujourd'hui guitare. Par le biais de la guerre de Cuba qui oppose les États Unis à l'Espagne, elle se répand partout sur le nouveau continent, remplaçant ainsi, violons, banjos, et mandolines. Avec six, huit, neuf ou douze cordes en boyaux, puis en acier ou en nylon, avec ou sans résonateur métallique (le dobro), joué façon flamenco, en fingerpicking ou à la mode hawaiienne, la guitare est partout, surtout quand elle est acoustique, libre de toute énergie électrique, symbole d'errance et d'indépendance  ...
Suivent quelques cinquante artistes du vingtième siècle qui ont su, avec une simple guitare faire des disques remarquables : bien sûr, beaucoup de bluesmen pour qui la guitare était l' unique sésame pour ouvrir les portes d'un monde meilleur, et chemin faisant, ils nous ont montré quels guitaristes exceptionnels ils étaient : Exemple le très méconnu Carl Martin ou Robert Johnson le guitariste mystérieux. Mais aussi beaucoup d'artistes qui ont su privilégier les propos, armés seulement de leur guitare : Bob Dylan évidemment, mais avant lui Leadbelly ou Woody Guthrie qui avait inscrit sur son instrument "cette machine tue les fascistes". Enfin des musiciens qui en interprétant leurs chansons avec une simple guitare ont su montrer l'essentiel, à une époque où la musique est souvent synonyme de grosse artillerie. Écouter Pete Townshend jouer seul les grands classiques des Who ou Springsteen chanter born in the USA s'accompagnant d'une ordinaire guitare acoustique, rappelle la substantifique moelle de leurs chansons éternelles. C'est réduite à sa plus simple expression qu'une chanson révèle son intemporalité. Un classique se joue toujours en acoustique, et Bono, chanteur lucide, rageait face à Dylan qu'aucune chanson de U2 sans arrangements multiples sonnât aussi bien que n'importe quels titres du grand Bob... 

Toute sa vie, Keith  Richards a prétend
u que la guitare électrique ça ne s'étudie pas, mais que la guitare acoustique est une discipline à reprendre chaque jour... (François Bon : Rolling Stones, une biographie). Je ne suis pas sûr qu'il faille toujours suivre les bons conseils de l'increvable guitariste des Stones, mais dans ce domaine, Keith a raison... Allez Phil "Swimming" Pool au boulot, et que l'on soit maçon ou rock star l'essentiel c'est de jouer... de la guitare !!!
P.V.
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Robert Johnson : "the complete recordings" Columbia 1990

Muddy Waters : "the complete 1947-1967" Chess1992

Bob Dylan : "the bootleg series" Sony 1991

Skip James : "today" Vanguard 1988

Son House : "death letter" CBS 1965

Greg Brown : "slant 6 mind" River 1997

Pete Townshend : "live - a benefit for Maryville academy" Platinum 1999

Paul Weller : "days of speed" Independiante 2001

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 "bound for glory"


BLIND LEMON JEFFERSON
:
hangman's blues (1927)
BLIND WILLIE JOHNSON
: dark was the night cold was the ground (1927)
BARBECUE BOB
:
ease it to me blues (1928)
SCRAPPER BLACKWELL
: kokomo blues (1928)

KANSAS JOE McCOY
: when the levee breaks (1929)

BLIND BLAKE
: diddie wa diddie (1929)

PEETIE WHEATSTRAW
: police station blues (1932)

CHARLIE PATTON
: 34 blues (1934)

BLIND GARY DAVIS
: cross and evil woman blues (1935)

CARL MARTIN
: crow jane (1935)

ROBERT JOHNSON
: stop breakin' down blues (1937)

BUKKA WHITE
: shake' em down (1937)

TOMMY Mc CLENNAN
: new' shake' em down (1939)

LEADBELLY
: good morning blues (1940)

ROBERT LOCKWOOD
: take a little walk with me (1941)

MUDDY WATERS
: I be's troubled (1941)

WOODY GUTHRIE
: house of the rising sun (1943)

BLIND WILLIE Mc TELL
: broke down engine (1949)

BIG BILL BROONZY
: down by the riverside (1952)

JOHN LEE HOOKER
: hobo blues (1959)

SNOOKS EAGLIN
: I don't know (1960)
BOB DYLAN
: only a hobo (1963)
MISSISSIPPI JOHN HURT
: make me a pallet on your floor (1964)
SKIP JAMES
: cypress grove (1964)
LIGHTNIN' HOPKINS : mean old frisco (1964)
SON HOUSE : death letter (1965)
RITCHIE HAVENS : freedom (1969)
MICHAEL CHAPMAN : not so much a garden - more like a maze (1969)
ROY HARPER : don't you grieve (1970)
JOHN MARTYN : may you never (1973)
MICHAEL BLOOMFIELD : Kansas city (1977)
RICHARD THOMPSON : small town romance (1982)
JOHN HAMMOND : little school girl (1983)
JORMA KAUKONEN : walking blues (1984)
NEIL YOUNG : I am a child (1986)
TRACY CHAPMAN : for you (1988)
TAJ MAHAL : candy man (1993)
PETER CASE : so glad you're mine (1993)
JOHNNY CASH : Tennesse stud (1994)
STEVE FORBERT : Mexico (1994)
GREG BROWN : boomtown (1995)
HANS OLSON : one of these mornings (1995)
BRUCE SPRINGSTEEN : born in the USA (1996)
PETE TOWNSHEND : I'm one (1999)
KEB' MO' : victims of comfort (1999)
ARLO GUTHRIE : dust storm disaster (2000)
STEVE EARLE : christmas in Washington (2001)
TONY JOE WHITE : down by the border (2001)
PAUL WELLER : down in the Seine (2001)
PHILIPE MÉNARD : Pierre (2002)