The Doors, le 8 décembre 2003 à
la Scène,
Paris. Ray Manzarek l'avait dit, "à Paris, les Doors troisième millénaire allaient rocker..." Ils étaient annoncés au Père Lachaise à 17 heures, puis en soirée dans un club parisien, avant la grande cérémonie du lendemain au Zénith (sold out, cela va sans dire). Ce fut la Scène, chic club parisien, 2 bis rue des taillandiers, dans le onzième. Ce retour n'était pas si incongru, Jim Morrison aurait eu ce jour là, soixante ans, et je m'interrogerai toujours, pour savoir si devant moi la dame américaine au collier de perles avait connu jadis, le poète beatnik, vu son état d'excitation... A vingt et une heures et quelques minutes, ils firent leur apparition devant un parterre de VIP, de cameramen, et de fidèles du groupe, jeunes et vieux réunis dans l'attente d'un miracle... Il faut avouer qu'il y avait là quelques interrogations légitimes... La chemise "love & peace" de Robbie Krieger pouvait nous laisser envisager le pire, mais heureusement son jeu de guitare n'avait lui, pas pris une ride ! Manzarek derrière son minuscule clavier et son sourire de vieux monsieur hippie béat pouvait aussi inquiéter... Le batteur, je n'en parlerais pas, comment remplacer John Densmore, même Stewart Copeland avait échouer... Restait deux nouveautés, le bassiste (rappelons que les Doors à l'origine jouaient sans...), et c'était là, le vieux complice du Butts Band, Phil Chen qui s'y collait, fort convenablement d'ailleurs... et bien sûr, le chanteur... Qui oserait remplacer Jim Morrison absent pour cause de décès il y a 32 ans ? Si l'on m'avait dit que ce serait l'ancien chanteur de The Cult, un orchestre de hard rock gothique britannique, aperçu en 1988 en ouverture de Bowie, et n'ayant laissé qu'un souvenir de groupe médiocre, je me serais probablement gaussé... Oh bien sûr, Ian Astbury, puisque c'est lui l'heureux élu, était déjà en plein délire shaman, hurlant "born to be wild". mais de là à le voir interpréter "L.A. woman", il risquait simplement d'être aussi ridicule que Billy Idol... Eh bien non, comme chacun le sait, il est un rock qui comme le bon vin se bonifie en vieillissant, déjà son "sonic temple", puis sa tentative Holy Barbarians et enfin son album solo avait rallumé la flamme de notre curiosité. Ce gars là n'était pas si bidon ! Il a su trouver le bon ton, il ne copie pas Jim Morrison, il est Jim Morrison, et c'est à s'y méprendre. Ray Manzarek avait vu juste, Ian Astbury pouvait le faire, avec brio, fougue, et crédibilité... Seul un vieux sorcier indien farci à la mescaline aurait pu deviner cet exploit. Oui le miracle a bien eu lieu. En 2003, j'ai vu les Doors enchaînant "light my fire" puis "riders on the storm". "Les portes de la perception" sont à nouveau ouvertes !!! Patrice Villatte |