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Blues n°8 : IRISH
BLUES & IRISH STOUT
Évoquer le pays du blues, bien
souvent, pour le quidam ordinaire, c'est citer fièrement Chicago.
Bien sûr, le blues est né
aux États-Unis mais ce sont les états sudistes qui ont vu
apparaître à la fin du XIX siècle cette forme musicale
qui fut d'abord celle de la communauté noire américaine
exploitée par un pouvoir blanc ségrégationniste.
Comme je le rappelle, dans "les chemins du blues", "[...]
dans ce grand chaudron, des gens très ordinaires, ont mélangé
toutes sortes de musiques qu'ils fréquentaient au quotidien : airs
de danses, ballades, work-songs, spirituels, mélodies celtiques,
ballades hispaniques, chants indiens, et bien sûr, rythmes africains...".
Ces fameuses mélodies celtiques si importantes dans la genèse
du blues venaient essentiellement
d'Irlande... Par un incessant flux d'échanges, les liens entre
musique irlandaise et le blues se
sont sans cesse accrus pour enrichir ces deux plus beaux exemples de musiques
populaires...
Reconnaissons que l'introduction du passionnant livre de Erik
Falc'her-Poyroux et Alain Monnier sur la musique irlandaise pourrait
convenir à n'importe quelle réflexion, sur cette musique
qui nous passionne, le blues ! La
preuve, écoutez donc : "Selon les humeurs et les personnes
[cette musique] sera monotone, "c'est toujours la même chose",
ou dépassée et inaudible, "quel crin-crin !" Il
est vrai que ses rythmes et ses modes sont clairement établis et
se perpétuent vaille que vaille. Mais pour ce qui est de la monotonie,
l'argument ne saurait être plus valide que l'opinion d'un adepte
du rap sur l'opéra ; et vice-versa..." Les amateurs de
blues savent bien qu'ils ont parfois
à répondre à ce genre de critiques... A propos de
la musique irlandaise, comme pour le blues,
ces auteurs rappellent qu'il est idiot de vouloir délimiter ou
étudier une hypothétique musique "pure"... Pas
de blues pur, pas de mélodie
irlandaise vierge de toute influence, mais au contraire, des musiques
en constante évolution avec des parallèles intéressants
à relever :
Premier exemple
: D'un coté comme de l'autre de l'océan atlantique, après
l'arrivée des premiers enregistrements au début du XXe siècle,
les technologies nouvelles ont permis de découvrir ces musiques,
les styles régionaux furent ainsi amplement copiés puis
cédèrent peu à peu la place à une uniformisation
des styles que l'on peut regretter...
Deuxième exemple : La grande mutation de ces deux
musiques correspond au phénomène d'urbanisation. En Irlande
comme dans le Delta du Mississippi, on est passé d'une musique
rurale aux racines profondes, à des musiciens urbains, électrifiés,
puissants et énergiques, le tout débouchant sur une fameuse
jam-session entre Rory Gallagher et
Albert King...
Troisième exemple : Enfin ces deux univers sont confrontés
au même moment, à une rude, et nouvelle épreuve :
la commercialisation à l'échelle mondiale. Heureusement,
il nous reste tous ces musiciens, excellents qui continuent à se
produire dans les pubs et les juke joints, et ses amateurs passionnés,
qui recherchent et compilent ces trésors perdus, en suivant la
voie tracée par Francis O'Neill,
pour la musique irlandaise, ou bien, par la famille Lomax,
pour le blues. Grâce, leur soit
rendue, pour que ces musiques restent à jamais des musiques vivantes...
L'Irlande fut longtemps
une terre d'oppression et en blues, elle s'y connaît. Les
musiciens irlandais n'ont pas de leçons à recevoir, en terme
de feeling pour exprimer leurs différents sentiments. Il me semble
que c'est une bonne définition du blues. Vive le blues
irlandais !!!
Pour les amateurs
de ballades irlandaises, merci de visiter la rubrique : "Histoire-Geo"
Pour le rock irlandais, à vous de partir à la rencontre
de "la bande à Bono"...
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