Blues n°10 : The Stones and the Blues

 En mai 1992, à Los Angeles, Mick Jagger entre en studio avec le groupe les Red Devils. Cette année là, le groupe de l'harmoniciste Lester Butler est le combo du moment qui fait revivre un "rockin' blues" torride. Leur album "king king" enregistré en live, produit par le producteur branché Rick Rubin, est dans le genre, un bol d'air frais, une passerelle entre passionnés de blues et fans de rock, une sorte de "full house" du J.Geils band... bref un indispensable... Le chanteur des Stones toujours à l'affût de musique revigorante saute sur l'occasion, et ses fameuses "blues sessions" accoucheront d'une série de reprises de Willie Dixon, Muddy Waters, John Lee Hooker, T. Bone Walker & co. qui font saliver d'avance les amateurs... Sauf que... Le label de Jagger juge ces enregistrements si peu commerciaux que notre beau Mick se voit obligé de retourner en studio, pour pondre un album plus conforme à son image de star. Le disque avec les Reds Devils ne sera jamais fini, ce groupe sera dissous, et Lester Butler décédera prématurément, après une nouvelle tentative avec le groupe 13. Quel gâchis ! Les enregistrements pirates de ces sessions nous rappellent que Mick Jagger et les Rolling Stones sont toujours restés des fans de blues. 
En 1964, leur premier succès est une reprise de Jimmy Reed, et tous les premiers disques des Rolling Stones sont truffés de bons blues. Brian Jones s'appliquait à jouer la slide comme Elmore James, Keith Richards rêvait des studios Chess à Chicago, et, Mick Taylor fut recruté chez John Mayall, l'un des pères du "British Blues Boom". Les Rolling Stones n'ont jamais oublié tout ce qu'il doivent au blues, et dès que l'occasion se présente, ils n'hésitent pas à aller bœufer avec les légendes du blues, ou à aider les petits jeunes comme Shemekia Copeland, la fille de Johnny Copeland invitée à se produire en première partie de leur spectacle à Chicago, en septembre dernier.
Par un juste retour des choses, c'est au tour des Stones d'être repris par les bluesmen : exemple, le très agréable disque "Exile on blues St" sur le label Telarc qui réunit les meilleurs du blues actuel (Otis Taylor, Tab Benoit, Tommy Castro...) pour une série de reprises hommage, des titres du célèbre "Exile on main Street".
Finissons par une anecdote rappelée par Gerard Herzhaft, dans sa Grande encyclopédie du blues : quand les Rolling Stones reprennent "you gotta move", un traditionnel attribué à Fred Mc Dowell, celui-ci vit pauvrement dans son Mississippi natal, et quelle ne fut pas sa surprise, quand il reçut les royalties de son morceau fétiche. Il put ainsi "réaliser son vieux rêve : s'acheter une station-service sur la Highway 61... Il était malheureusement, déjà atteint d'un cancer, et meurt quelques mois plus tard..." Il n'empêche, les Rolling Stones ont bien payer leur dette aux géants du blues !.

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