La French Touch Blues avec Bo Weavil & Doo The Doo, vendredi 21 janvier 2005 au centre Paul Bailliart

Ce soir, au centre Paul Bailliart de Massy en banlieue parisienne, Patrice "Big Boy" Villatte, ex-batteur de Swampini et programmateur es-blues du lieu, avait concocté une affiche au titre prometteur : la French Touch Blues, avec Bo Weavil et Doo The Doo. Une soirée à ne pas manquer donc, d'autant que l'un comme l'autre de ces deux groupes de choix, ne s'arrête qu'exceptionnellement en région parisienne.
Après les retrouvailles avec quelques copains dont notre Pierrot "Mississippi" Mercier, les musiciens et tous les membres de feu Swampini, une bière d'abbaye (belge, évidemment) dégustée au très sympathique bar de l'endroit, direction la salle elle-même. Aïe. C'est déjà plein, il ne reste que quelques places au 1er rang, tout au bord de la scène. Pauvres oreilles ! Mais non. Le son est parfait. Pas trop fort, bien mixé, les voix ne sont pas dénaturées, comme c'est si souvent le cas, on entend très bien chaque instrument, on distingue les paroles, un vrai confort sonore. Comme quoi c'est possible. Car oui, bien sûr, Boogie Matt et Sleepy Vince, alias Bo Weavil, ont entamé leur set de blues et boogies bien terriens, intenses et d'une certaine façon, légers en même temps. Tous deux vêtus de costumes noirs, cravates noires et chemises blanches, Matt arbore un feutre noir très classe, du même genre que ceux que portait Junior Wells, alors que Vince est affublé d'un impossible bonnet noir qui malgré l'unité de couleur tranche avec le reste de sa tenue. Les titres s'enchaînent, nous faisant revisiter tout le Sud des État Unis des années 40 et 50, à coups de John Lee Hooker, Muddy Waters et d'autres moins célèbres, le tout épicé de compositions originales des deux compères. Le couple, plus tout jeune, assis à ma droite commente : "C'est super ! C'est vraiment bon" et ainsi de suite entre chaque morceau qu'ils applaudissent copieusement, ainsi que toute la salle...
On s'attend à un rappel, mais la salle s'allume, Shemekia Copeland passe dans la sono, il est donc temps de retourner au bar. Tout le public s'y retrouve, et nous en profitons, Patrice, Bruno "Jeff" Lefebvre, ex-bassiste de Swampini et talentueux illustrateur (le site de Chatterbox, les pochettes des albums de Big Dez et autres, les dessins dans Rollin' & Tumblin', c'est lui) et moi pour prendre possession de la petite scène qui s'y trouve. En effet, Big Boy a écrit un livre, publié par le centre Paul Bailliart, intitulé Sur les Chemins du Blues, illustré par Jeff et postfacé par votre serviteur. 
Présentation des auteurs, question, réponse, bref petite promo pour le bouquin, qu'au passage on vous recommande. Les spécialistes n'y apprendront sans doute pas grand-chose, à part peut-être comment parler du blues à des néophytes, ce qui n'est déjà pas mal. Et puis c'est un beau petit objet. 
Mais déjà une discrète sonnerie nous annonce que les Bretons sont prêts à attaquer leur set. Sur scène, Jacques Moreau est derrière ses congas, Jimmy Jazz à la guitare, Elmor Jazz à l'harmo, Philippe "Sad" Carnot à la batterie, et à la basse, c'est Thibaut Chopin, sans doute doué d'ubiquité, puisqu' en ce moment, il est partout en même temps... Juste le temps de s'installer qu'ils attaquent déjà, revisitant l'ensemble de leurs cds à coups de shuffles, swamp blues, jump blues, swamp pop, rock & roll, twist, et même une incursion bienvenue dans la soul. Véronique Sauriat chante les chœurs sur 2 titres avant d'interpréter une version inhabituelle de Let Me Down Easy, nettement plus rapide que celle de Bettye Lavette et surtout ponctuée d'une rythmique à la guitare qui rappelle un tango. Plus tard, c'est Benoît Blue Boy qui prendra les harmos d'Elmor, nous rappelant, si besoin était, que cet harmoniciste au jeu si souvent économe, peut se révéler un musicien d'une grande finesse au son personnel et subtil. Au fil des titres, la musique monte en intensité, et si les Doo sont tous d'excellents musiciens, ils sont aussi de véritables pros au show bien rodé qui ont su mettre le public dans leur poche pour les emmener toujours plus loin, toujours plus haut. Au point que lorsque Jimmy s'approche du micro pour un traditionnel  merci et bonsoir, on est tout étonné que ça se termine déjà. 
Le public de Paul Bailliart ne l'entend pas de cette oreille et les rappelle sur scène pour un boogie de tous les diables qui laissera tout le monde ravi. Pour preuve les sourires béats qui illuminent les visages de qui retournent au bar, qui vers sa voiture. Espérons que notre Shérif aura pris de belles photos pour immortaliser la superbe soirée que nous venons de vivre. Et n'oublions pas que le 11 février, c'est Byther Smith qui s'y colle. Encore un moment d'exception en perspective, à n'en pas douter !
René Malines