|


|
|
rock
n° 14 :
"Welcome to the Bob Ezrin machine"
Après avoir viré Phil Spector, le très british groupe
Starsailor rappelait
récemment, que le temps des producteurs rois était révolu... Oui
et non... Au pays des réalisateurs artistiques qui ont su créer un son
(le fameux "wall of sound" de Spector le fou), aux coté des
George Martin,
Quincy Jones, Nile Rodgers,
Tom Dowd, Steve Lillywhite,
ou Daniel Lanois, demeure un irréductible :
Bob Ezrin qui vient de se rappeler
à notre bon souvenir en produisant le nouveau Jane's
Addiction, le
meilleur disque de l'année, le prix Chatterbox 2003.
Ce canadien fut longtemps l'un des "producers" les plus
respectés des métiers de l'industrie du disque. En juin 1982, Rock
& Folk le pressentait comme "le prince des producteurs
et le producteur des princes" En effet, sa carte de visite est impressionnante...
C'est à lui que l'on doit la réalisation des rêves les plus fous de
Alice Cooper, l'ultra branché "Berlin" de Lou
Reed, le retour
en solo de Peter Gabriel, ou encore l'immense
"the wall" de Pink
Floyd (il en fallait du courage pour mettre au propre les délires paranos
de Roger Waters...). Lui seul savait reconnaître le talent de cette paire
de fameux guitaristes qu'étaient Steve
Hunter et Dick
Wagner, ou encore rendre Kiss écoutable... Comme il avait loupé certains monstres sacrés
des sixties, il se rattrapa en produisant Julian le fils de
Lennon,
ou le rejeton de John Bonham, probablement pour se rapprocher de la magie
de Led Zeppelin... Au début des années quatre vingt, lui qui est revenu
de tout, cherche une étincelle pour rallumer sa passion. Il la trouvera
chez Téléphone pour qui il produit "Dure limite" dans les
pleurs et la douleur. Les petits français découvriront les méthodes à
l'américaine, à travers un producteur créatif, compétent, mais aussi
tyrannique, et bien souvent maniaque ("il n'enregistre que sur des bandes
d'une marque bien précise, mais comme elles sont défectueuses une fois
sur dix, il fait écouter les bandes vierges par des assistants, mais
comme il est méfiant, il vérifie les bandes après coup, avant
d'enregistrer" dixit Philippe Manœuvre). "Dure
limite" reste néanmoins,
l'un des albums de Téléphone qui sonne le mieux, vingt ans après !
Bob Ezrin enthousiaste à propos de Richard
Kolinka, présentera le batteur comme "une ressource
nationale que la France devrait protéger", et il le recrutera pour
le très sombre "Dada" d'Alice
Cooper, (un jour, il faudra bien
que Richard nous raconte son expérience chez les frappés en
Amérique...).
Depuis la star des producteurs cherche sans relâche, à travers le monde, l'artiste qui
le stimulera, en Espagne avec les Heroes del
Silencio, en Afrique, avec Geoffrey
Oryema, où aujourd'hui, de retour aux States, avec Jane's
Addiction, ou les jeunots de 30
seconds to Mars.
Bob Ezrin
reste un label de qualité, un nom que l'on inscrit en tête des listes de
crédits, parce que susceptible de faire vendre. Peut être que demain les
Starsailor viendront le prier de
produire leur nouveau disque, mais là, attention, il faudra lui obéir au
doigt et à l'œil....
|