|

|
|
Sélection
n°18. "Oriental Vibration"
Dans le grand chaudron du rock'n'roll, il est un ingrédient dont on parle
peu : les influences orientales ! Certains lecteurs doivent se dire : ça
y est les types de Chatterbox pètent les plombs...
Erreur, pour une génération d'apprentis rockers, la découverte de sons
arabisants date du grand Kashmir de Led
Zeppelin. Pour d'autres, le goût
des épices est probablement venu de ce bon vieux Brian Jones grand
amateur de haschich. À la fin des sixties, si les Beatles allaient voir
en Inde si l'inspiration y était, les Stones choisissaient la route du
Maroc pour s'approvisionner. Le fameux disque des musiciens de Jajouka,
publié sur leur label en 1970, pour inécoutable qu'il soit, reste un jalon de l'histoire
du rock, ouvrant les portes de l'Orient à une multitude de rock'n'rollers.
Que ce soit sous forme de pastiche (Mustapha de Queen), ou le témoignage
d'une vraie passion (les productions de l'ancien guitariste de Gong,
Steve
Hillage), l'influence orientale se fait ressentir grâce à des
arrangements, des mélodies, des gimmicks, dans bon nombre
d'enregistrements divers et variés, et quand le groupe Blur
recherche une
couleur exotique pour son réussi out of time, le groupe régional du
Marrakech Orchetra est aussitôt convié. Même
les ricains s'y mettent (enfin pas ceux qui supportent Bush...), et on
retrouve un certain Fléa en vacance des
Red Hot, en train de slapper derrière
Cheikha Rimitti, vieille dame algérienne de plus de soixante-dix ans, et éternelle
égérie de la musique maghrébine.
Plus près de nous, des artistes aussi différents que Birkin,
Bertignac, Kent, Sportes ou
Serge Teyssot-Gay expriment leur passion pour
la musique arabe, et utilisent moult ouds, luths, violons, flûtes,
bendirs et darboukas. Dès 1974 les Variations, groupe de loosers
magnifiques tentaient la synthèse rock hard et racines pieds-noires, balançant
le sous-estimé moroccan roll !
Enfin, si bon nombre de musiciens ont mit
du raï dans leur pop (Peter Gabriel, Sting & co), travaillant ainsi
avec les meilleurs musiciens du genre, les grands chanteurs d'Afrique du
nord n'ont pas hésité à mettre du rock dans leur raï, et à collaborer avec de grands producteurs occidentaux pour tenter une fusion
parfaite (le très demandé Don Was pour
Khaled, ou le très chic Nile Rodgers pour
Cheb Mami).
Le grand mix mondial est en marche, et l'Orient ne sera pas oublié ! D'ailleurs les grands de demains sont déjà partis s'installer à Istanbul.
Kevin Moore y a enregistré le dernier Chroma
Key fleuron du label Inside Out
et le guitariste turc Demir Demirkan est fin prêt pour une carrière
internationale. Jimmy Oihid a bien avancé dans une formule rhytm
& blues "rebeu", Gnawa Diffusion mélange reggae de Kingston et
odeurs de médina, et Magyd Cherfi en rupture de ban
avec Zebda, rêve à un rock-raï-world dans la langue de
Molière.
Bref l'avenir du rock sera multiculturel ou ne sera pas... Merci à messieurs Brian Jones,
Robert Plant et les Clash pour nous avoir
montré comment faire rocker la casbah !!!
|