Les Stones à Paris : Bercy lundi 7 juillet 2003

Quand le trio Stereophonics déboule à 6 sur scène (!), le POPB est loin d'être plein, qu'importe, les Gallois attaquent fort, d'entrée de jeu. Mais hélas, ils sont trahis, et cela jusqu'au bout de leur set, par un son même pas digne de Mister Teppaz... Moi qui me faisais une joie de voir ces petits gars à l'œuvre, je fais comme le reste du public, je patiente, tout en m'inquiétant : si le son n'est pas meilleur pour les Stones et vu le prix du ticket, on va friser l'émeute.
Une heure passe, les Gallois tapent en touche et après une mi-temps interminable, les Anglais font leur entrée sur le terrain sous une ovation monstre, le POPB s'est rempli, nos chers papys entament comme naguère ils finissaient : par " Street fighting Man " ! Belle surprise d'autant que le son est meilleur, et au bout de 3 morceaux, cela s'améliore encore, mais définitivement, le palais omnisports est la pire salle de concert depuis les abattoirs. 
Le public malgré tout, m'a l'air enthousiaste, mais ce n'est pas l'hystérie : explication, la couleur dominante de la fosse avant le concert ? Rose comme un crâne ! Et oui, du dégarni en pagaille et aussi de l'argenté (doublement argenté, dans les poches et sur la tête). Quelques plus jeunes (ados, trentenaires, quadras, quinquas) sont là mais, quand même, je n'avais jamais vu une telle file d'attente aux urinoirs à l'entracte ! bref, un public ravi, bien que prostatique...
Il y a des temps forts et donc des temps morts, mais grosso modo, avec un Jagger physiquement et vocalement absolument au top, un Keith de légende, 4 cuivres dont l'éternel Bobby Keys, parfaits, les 3 choristes de la dernière tournée et Chuck Leavell aux claviers. Cela reste, malgré un son moyen et un Ronny, a peine audible, une impressionnante machine à produire du rock, du blues et du rythm and blues !!! Avec une superbe version de " Can't you hear me knocking ", la partie jazzy du morceau réveille Ron Wood qui approche l'espace de quelques mesures, l'univers de Mick Taylor... Les Stones remportent la mise, lorsque sur l'écran géant qui surplombe Charlie Watts, apparaît la pochette de l'album mythique " Let it bleed ". Suivent entre autres de magnifiques versions de " Midnight rambler ", " Monkey man " et " Love in vain ". Puis, pour ceux qui sont les plus mal placés, les Stones refont le coup de la petite scène centrale. Ce qui dans un stade est déjà fort apprécié s'avère être une véritable aubaine à Bercy, et l'espace de 3 morceaux, les privilèges s'inversent, le public du fond vibre comme jamais... Retour sur le grand terrain , courte prolongation (un seul rappel) et après 2 heures d'un très bon show, les Anglais plient les gaules...

 Les Stones à Paris : Olympia, vendredi 11 juillet 2003

Le sésame dégotté le dernier jour me permet de rentrer à l'orchestre, tout le show bis étant à l'étage. Après une première partie insipide, Keith le pirate, hilare, envoie " Start me up " devant un public en moyenne beaucoup plus jeune qu'à Bercy. Je vous fais grâce de la play-list, sachez simplement que sur 22 morceaux, seuls 5 auront été joués au POPB
Un show complètement différent avec " Everybody need somebody to love " qui fait l'unanimité et une version de" That's how strong my love is " où Jagger nous rappelle Otis Redding. À noter également une belle version de " No expectation ", " Heartbreaker ", pour faire plaisir aux cuivres et " Stray cat blues ", pour faire plaisir à tout le monde .
Ronny m'a eu l'air plus audible et inspiré qu'à Bercy, mais contrairement aux balivernes colportées ça et là, par certains chroniqueurs, c'est bien le pirate qui barre le bateau ! et avec la banane en plus ! Ces gars-là font ce métier pour l'argent, personne n'en doute, mais là, dans cette " petite " salle, ils l'aiment ce job, ils se régalent et cela se voit... Alors que s'approche sans doute, leur dernier show dans un stade, tant qu'ils ont la santé, je ne vois pas pourquoi ils ne pourraient pas faire comme ceux qu'ils ont contribués à faire connaître, les B.B. King , Muddy Waters , et autres John Lee Hooker que personne ne traite de débris quand ils jouent jusqu'à la mort. Pourquoi des rockers blancs ne pourraient-ils pas faire comme des bluesmen noirs ?
En tout cas, à chaque instant, j'observe le public qui conservera jusqu'au bout, un grand sourire béat et qui quittera l'Olympia persuadé, à juste titre, d'avoir été privilégié, et d'avoir vécu un grand moment. Enfin, pour paraphraser la chanson, je ne présumerai pas sur les possibilités érectiles des Stones, mais de toute évidence, ils ne sont pas morts... Bravo !

Philippe Masson