APOLOGIE
DU 7 MARS 2004 : concepts à gogo
Question : quel est le lien entre les Who et
Pleymo ? Facile, un petit garçon
aveugle... En effet chacun de ces deux groupes a réalisé un
concept-album contant les aventures de leur héros respectif, Tommy pour
le fameux groupe anglais et Rock pour notre Pleymo national...
Les concept-albums sont une constance dans l'histoire du rock. Il est communément
admis que le premier concept fut le fameux St.Pepper's lonely hearts club band
des Beatles. Dès lors, le genre avait ses caractéristiques
propres : une histoire unique contée à travers les différents morceaux
du disque, généralement une ouverture reprise
en final, et des propos traditionnellement obscurs... (exemple la
traduction de Brave de Marillion proposée par le site francophone
Subterranea).
Les thèmes abordés peuvent être historiques : exemple le Arthur
des Kinks qui évoque le déclin de l'empire britannique ou dust and
dreams de Camel qui s'inspire des
raisins de la colère de Steinbeck
et la crise économique de 1929. Il peut s'agir de tentatives biographiques :
Freud, Léonard de Vinci,
Edgar Poe, ou Nostradamus,
des classiques adaptés, Pierre et le loup de Prokofiev ou voyage
au centre de la terre de Jules Verne.
Plus généralement ce sont des créations mélangeant science fiction et héroic-fantaisie : Tolkien
reste une source d'inspiration inépuisable pour les
chevaliers du hard rock... Beaucoup de concepts sont soit totalement
loufoques (mais qui est donc ce Sergent Poivre...), soit carrément dépressif,
la palme d'or revenant à Roger Waters avec ou sans
Pink Floyd. Les
thèmes de l'aliénation et de la folie sont récurrents : le
rock 'n' roll suicide de Ziggy cher à Bowie,
operation mindcrime de Queensryche
qui dépeint une manipulation mentale inspirée du 1984 de George
Orwell, ou encore Dream
Theater qui évoque dans scenes from a memory le meurtre
et la réincarnation. Dès 1973 Jethro Tull
abordait ce thème de la vie après la mort à propos d'une jeune
ballerine dans un unique morceau de 45 minutes intitulé a passion play.
La critique tirait à boulet rouge et évoquait la vacuité sophistiquée
de cette suite, mais le public en redemandait ! Ces concept-albums ont
souvent témoigné de l'ambition des artistes à vouloir proposer une
oeuvre durable. Certains sont tombés dans le piége de la prétention
et de la lourdeur, le plus comique restant ce cher Rick
Wakeman qui patine encore et toujours à la recherche du
Saint Graal... Mais les concept-albums ont aussi enfantés quelques
authentiques chef-d'œuvres : the Wall, the lamb lies down on
Broadway, ou encore quadrophenia de Pete
Townshend qui dépeint si justement la vie d'un jeune mod, fan
des Who amateur de scooters pleins de
phares, dans une Angleterre particulièrement conservatrice...
Enfin si les Beatles souhaitaient se
lancer dans l'aventure du concept, c'est qu'ils voulaient s'éloigner du
format de trois minutes de la chanson à la mode. Sergent Peppers
reste un témoignage d'une grande liberté, et de musique non formatée. A
l'heure du consommer puis jeter, cela reste encore aujourd'hui une des premières
qualités des albums conceptuels !
P.S. Les Who et Pleymo ont un autre point commun. C'est une énergie
redoutable, mais ça c'est une autre histoire que vous pouvez découvrir
en cliquant ici : Pleymo
: le samedi 7 février 2004 à l' Olympia, Paris.
